Syndicaliste CGT et altermondialiste
C’est qu'en 2016 sort le livre de Bernard Thibault « La troisième guerre mondiale est sociale » avec notamment son chapitre 4 qui a pour titre « Internationalisme et altermondialisme ».
Bernard Thibaut ne cite ni ATTAC ni le CADTM ou le CRID , n’évoque aucun Forum Social Mondial ou régional, global ou spécifique, n’explicite pas longuement la différence entre antimondialisation et altermondialisation si ce n’est pour fustiger un souverainisme propre à effacer les normes internationales du travail, car ce n’est pas son objet .
Le mérite de ces pages est de souligner l’importance des convergences continentales et même mondiales du combat social mené contre une véritable guerre classiste, ie guerre des classes possédantes souvent menées dans un cadre national mais aussi au plan continental et au-delà, donc étendues sur plusieurs nations et ce sous des formes diverses.
Le combat social passe par des grèves ou des manifestations de rue mais ce peut être autre chose (grèves de la fin, geste sacrificiel dans la rue en se mettant le feu). Le syndicalisme reste un vecteur décisif de ce combat social.
Au plan de l'altermondialisme, depuis le « nous sommes les 99% » de Occupy Wall Street de 2011, le combat social des 99% porte contre le combat classiste , constamment reconduit par des classes possédantes et dominantes des nations. Je sais que l’on critique l'idée de peuple-classe ou de peuple des 99% ou de multitude des 99% et on me signale qu’il existe une fraction de la sous-bourgeoisie de cadres qui passent leur temps à servir la classe dominante. Pour autant on ne saurait confondre ces 9% sous le 1% avec le 1% riche et encore moins avec sa fraction haute.
Personnellement, je ne le ferais jamais car il y a certes des cadres aisés dans ces 9% qui sont à l’UGICT-CGT et je m’en félicite. Par ailleurs, pour aisés que soient ces cadres du public et du privé, aucun ne gagne 5 chiffres par mois de revenus. En France, aucun ne reçoit les montants exhortants et indécents de dividendes, qui provoquent un rejet immense de classe au titre de la prédation (volet social et fiscal) et de la destruction (volet écologique).
A propos de ce combat classiste Bernard Thibault met, à raison, l’accent sur le rôle grandissant et néfaste des multinationales mais il ne dit rien des 1% d’en-haut les plus riches de chaque nation or ce sont eux qui certes approximativement captent très fortement les dividendes de la finance internationale. Ce n’est pas une mince affaire !
Les 1% ne sont évidemment pas à l’identique d’une nation à l’autre. Il y a certes partout des bourgeoisies mais leurs caractéristiques diffèrent selon la place de la nation dans la hiérarchie du capitalisme mondialisé, selon le type de régime : la Chine n’est pas les Etats-Unis. Dans les pays du Sud global on peut distinguer - sans généraliser - une bourgeoisie compradores (tournée vers l’économie mondiale et notamment la finance globale) et une bourgeoisie nationale (tournée vers l’exploitation nationale de la force de travail)
L’autre mérite de l’altermondialisme, cité par Bernard Thibault, est de vouloir construire un autre monde possible solidaire et émancipé des dominations (dont le classisme conçu comme lourde domination de classe) et des oppressions comme le racisme et le sexisme sous toutes ses formes.
Dans ce livre le leader des grèves de nov-dec 1995 déclare que partout dans le monde les syndicats peuvent s’appuyer sur les règles de l’OIT contre la gouvernance mondiale issue des G20 c’est à dire les gouvernements mais aussi les classes dominantes de ces Etats et surtout des Etats les plus puissant.
Précision à propos de la gouvernance mondiale : Le G20 se décline sous trois formes : les G20 regroupant des chefs d'État et de gouvernement, les G20 finance regroupant les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales et depuis avril 2010 les G20 sociaux réunissent les ministres de l’emploi. Mais ces G20 dit sociaux - depuis novembre 2011 - ne le sont pas forcément au plein sens du terme évidemment. Ce peut-être du « social au rabais » , du « social sparadrap » ressemblant à du caritatif alors que « l’Etat social » est lui démantelé.
Outre l’OIT, il y aurait aussi à introduire l’ONU dans ce cadre, avec l’idée qu’une autre ONU est possible.
Christian Delarue
Concernant l’ONU, l’IRIS propose, après ATTAC (cf Jacques COSSART - 2010) 5 réformes d’importance.
3) La régulation sociale mondiale par le respect des droits se distingue des « choix anarchiques des marchés » promus par les libéraux et surtout les grands patrons capitalistes qui ont une sainte horreur des normes et des régulations quand les dits-marchés, loin d’être neutres, sont porteurs de barbaries, de pauvretés et d’inégalités sociales fortes.
Ici c’est l’OIT qui point la France néolibérale pour ses violations des normes internationales du travail.